PARTIE 1 - CELUI À QUI LE CORAN FUT RÉVÉLÉ (Partie 2) - Dr. Muhammad Fazlur Rahman Ansari (ra)

PARTIE 1 

CELUI À QUI LE CORAN FUT RÉVÉLÉ 


Chapitre 2 

Eléments biographiques 


LA SITUATION DU MONDE LORS DE L’AVENEMENT DE MUHAMMAD 

Au cinquième et sixième siècle, le monde civilisé était au bord du chaos. Les anciennes cultures, basées sur l’affect, qui rendirent la civilisation possible, ayant donné aux hommes le sens de l’unité et déférence envers leurs souverains, s’étaient désintégrées et rien d’adéquat ne semblait pouvoir les remplacer… 

« Il semblait alors que la grande civilisation qui s’était construite sur une durée de quatre mille ans était au bord de l’effondrement, et que l’humanité était susceptible de retourner à l’état de barbarie, où chaque tribu ou secte était contre les autres, et où la loi et l’ordre étaient ignorées… Les anciennes sanctions tribales avaient perdu leur pouvoir… Les nouvelles sanctions créées par la Chrétienté œuvraient davantage pour la division et la destruction que pour l’unité et l’ordre. C’était une époque lourde de tragédie. La civilisation, tel un gigantesque arbre dont le feuillage avait abrité le monde et dont les branches avaient porté les fruits dorés de l’art, de la science et de la littérature, vacillait…pourrie jusqu’à la moelle. Y avait-il alors une culture « affective » qui aurait pu à nouveau réconcilier l’humanité dans l’unité et sauver la civilisation ? » (1)

Puis Denison poursuit, en parlant des Arabes :

« C’est parmi ce peuple que l’homme (Muhammad) qui devait unir l’ensemble du monde connu à l’est et au sud est né. » (2)


LA SITUATION DE L’ARABIE ET DE LA CHRETIENTE (PRECURSEUR DE L’ISLAM EN TANT QUE RELIGION REVELEE) 

« Les Arabes ne croyaient pas en une vie après la mort ni en la création du monde, mais attribuaient la formation de l’univers à la Nature, et sa destruction future au Temps. La débauche et les larcins prévalaient partout, et comme la mort étaient considérée comme la fin, au sens strict, de l’existence, on ne croyait ni à la récompense pour la vertu ni au châtiment pour le vice. 

Une moralité semblable ainsi qu’une religion corrompue sévissaient chez les Chrétiens et les Juifs, qui, depuis très longtemps, s’étaient établis dans la péninsule arabe, et y avaient formés des groupes d’influence très puissants. Les Juifs étaient venus chercher dans ces contrées de liberté un asile pour fuir les persécutions des Romains; les Chrétiens y étaient également venus afin d’échapper aux massacres orchestrés par l’eutychianisme nestorien et ceux issus des dissensions ariennes. Il n’est pas aisé de concevoir quelque chose de plus déplorable que l’état de la Chrétienté à cette époque. Les branches de l’Eglise Chrétienne disséminées à travers l’Asie et l’Europe étaient en désaccord les unes avec les autres, et avaient adoptées les hérésies et les superstitions les plus sauvages. Elles étaient en permanence engagées dans la controverse et déchirées de par leurs conflits avec les Ariens, les Sabelliens, les Nestoriens et Eutychiens, tandis que la simonie, l’incontinence, la barbarie généralisée et l’ignorance qui régnaient au sein du clergé entachaient la religion chrétienne d’un parfum de scandale, et répandaient des comportements débauchés de manière universelle chez le peuple. En Arabie, le désert fourmillait de Cénobites ivres d’ignorance, ou de marginaux, gâchant leurs existences par d’ardentes mais non moins vaines spéculations, qui se précipitaient, souvent armés, en meutes à l’intérieur des villes, prêchant leurs fantasmes dans les églises en en forçant l’assentiment par l’épée. L’idolâtrie la plus grossière avait usurpé la place de la simple adoration instaurée par Jésus – celle d’un Etre Omniscient, Tout Puissant, et Bienfaisant, sans égal et sans ressemblance: une nouvelle Olympie avait été imaginée, peuplée de nombreux martyrs, saints et anges, en lieu et place des anciens dieux païens. On trouvait des sectes chrétiennes suffisamment impies pour attribuer à la femme de Joseph les honneurs et attributs d’une déesse. Les reliques et les images gravées ou peintes faisaient l’objet de l’adoration la plus fervente de la part de ceux à qui le Christ avait ordonné d’adresser leurs prières au seul Dieu vivant. Telle était l’image donnée par l’Eglise de Jésus à Alexandrie, à Alep et à Damas. A l’époque de l’avènement de Muhammad tous avaient abandonné les principes de leur religion pour se prêter à de sempiternelles chamailleries sur des dogmes d’importance secondaire, et les Arabes ne pouvait que voir qu’ils avaient perdu de vue le point le plus essentiel de leur doctrine religieuse (l’authentique et pure adoration de Dieu), et qu’au regard de leurs superstitions grossières et dépourvues de grâce, ils allaient de pair avec les païens contemporains. » (3)

« Leurs mensonges, leurs légendes, leurs saints et leurs miracles, mais au-delà de tout, le comportement dévoyé de la prêtrise, avaient fait chuter les églises d’Arabie en basse position. » (4)

« C’était pratique courante », observe Dr. Emanuel Deutsch, « d’attribuer tout ce qui pouvait être bon dans le Mohammedanisme à la Chrétienté. Nous craignons que cette théorie ne soit pas compatible avec les résultats d’une investigation honnête. Car, de l’Arabie chrétienne à l’époque de Muhammad, il est préférable de ne rien évoquer… En comparaison, même la Chrétienté Amharique moderne, dont nous disposons d’étonnants témoignages, apparaît comme pure et exaltée. » (5)


NAISSANCE DE MUHAMMAD

« Quatre ans après la mort de Justinien, en 569 (6), naquît à La Mecque, en Arabie, l’homme qui, de tous les hommes, a exercé la plus grande influence sur l’humanité. » (7)


LA JEUNESSE DE MUHAMMAD 

« Nos autorités », dit Muir, « s’accordent toutes à imputer à la jeunesse de Muhammad un comportement humble et une pureté d’éducation rares parmi les gens de La Mecque… Doté d’un esprit raffiné et d’un goût délicat, réservé et méditatif, il vivait beaucoup en son for intérieur, et les réflexions de son cœur lui fournissaient sans aucun doute de l’occupation pendant le temps libre quand d’autres d’une nature moins élevée le dédiait à des sports violents ou à la débauche. Le caractère juste et l’allure honorable du jeune homme discret ont gagné l’approbation de ses pairs; et il reçut le titre, selon un commun accord, de Al-Ameen, le Digne de Confiance. » (8) 

« …Orphelin de naissance, il était particulièrement doué de sollicitude envers les pauvres et les nécessiteux, la veuve et l’orphelin, l’esclave et l’opprimé. A vingt ans il était déjà un entrepreneur confirmé, et il devint bientôt responsable de la caravane de chameaux d’une riche veuve. Quand il atteignit l’âge de vingt-cinq ans, son employeur, reconnaissant son mérite, lui proposa le mariage. Bien qu’elle fût de quinze ans son aînée, il l’épousa, et demeura un mari dévoué durant toute la vie de sa femme. 

 « A l’âge de quarante ans cet homme du désert s’était assuré une vie très satisfaisante: une femme aimante, de beaux enfants et richesse matérielle. Puis, par une série d’évènements dramatiques et terrifiants, il commença à recevoir à travers l’Archange Gabriel la révélation de la Parole Divine. » (9)



1. J.H. Denison: Emotion as the Basis of Civilization, Londres, 1928, pp. 265. 269.

2. Ibid

3. John Davenport: An Apology for Mohammad and the Koran, Londres 1869. p. 4 

4. Bruce: Travel, vol 1, p. 501 

5. The Quarterly Review, Londres. No 954, p. 315

6. Plutôt, en 571. 

7. John William Draper: A History of the Intellectual Development of Europe, Londres 1875, vol. 1 pp. 329-330. 

8. Sir William Muir: Life of Muhammad. 

9. James A. Michener: Islam: The Misunderstood Religion. Reader’s Digest (Edition américaine) Mai 1995, p.68.


Source : Les Fondements Coraniques et la Structure de la Société Musulmane Vol I - Dr. Muhammad Fazlur Rahman Ansari (ra)

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