JOKANOVIC TÉMOIGNE QUE MILOSEVIC N'A PAS "RÉVOQUÉ L'AUTONOMIE DU KOSOVO"

1er décembre 2004

Écrit par : Andy Wilcoxson

M. Vukasin Jokanovic a témoigné mercredi en tant que témoin de la défense au procès de Slobodan Milosevic. Jokanovic a eu une illustre carrière politique en occupant de nombreux postes au sein du gouvernement du Kosovo dans les années 1970 et 1980, notamment celui de président du parlement du Kosovo et de membre de la présidence du Kosovo. Jokanovic a également occupé de nombreux postes au sein des gouvernements Serbe et Yougoslave ; plus récemment, il a occupé le poste de procureur fédéral de la RF de Yougoslavie.
 
M. Jokanovic était président de l'Assemblée du Kosovo lorsque la constitution Serbe a été amendée en mars 1989.

Les critiques de la Serbie affirment que ces changements constitutionnels ont privé le Kosovo de son statut d'autonomie. Ils disent que Slobodan Milosevic a apporté ces amendements pratiquement par décret et sans aucune base légale.
 
Le paragraphe 71 de l’acte d’accusation du Tribunal contre Milosevic se lit comme suit :

« Le 23 mars 1989, l'Assemblée du Kosovo s'est réunie à Pristina et, avec l'abstention de la majorité des délégués albanais du Kosovo, a voté en faveur des amendements proposés à la constitution. Bien qu'il lui manquait la majorité requise des deux tiers à l'Assemblée, le Président de l'Assemblée a néanmoins déclaré que les amendements étaient adoptés. Le 28 mars 1989, l’Assemblée de Serbie a voté en faveur des modifications constitutionnelles révoquant de fait l’autonomie accordée dans la constitution de 1974. »  

Ces affirmations formulées par les critiques de la Serbie et par l'acte d'accusation de La Haye sont tout simplement fausses, et M. Jokanovic s'est présenté au tribunal avec les documents et les bandes vidéo pour le prouver.

L'Assemblée du Kosovo s'est réunie le 23 mars 1989 et a voté l'adoption des amendements constitutionnels. L'assemblée du Kosovo comptait 190 membres, 187 membres étaient présents et le vote s'est réparti comme suit : 175 pour, 10 contre, 2 abstentions et 3 absents.

Les membres de l'assemblée ont voté en levant la main, ce qui a été enregistré sur une cassette vidéo diffusée pendant le témoignage de Jokanovic. Le vote a également été enregistré dans les notes sténographiques de l'assemblée, qui ont également été présentées au tribunal comme pièces à conviction.

C'est pourquoi l'acte d'accusation est tout simplement faux lorsqu'il dit que les députés albanais se sont abstenus et qu'il n'y avait pas les deux tiers nécessaires pour adopter les amendements.

Jokanovic a déclaré que les membres de l'assemblée du Kosovo étaient élus par les conseils municipaux de tout le Kosovo. Il a déclaré que plus de 70 % des membres (142 à 143 sur 190 membres) étaient albanais en 1989, au moment du vote.

Outre la bande vidéo de la séance de l'Assemblée du Kosovo et les notes sténographiques, 180 journalistes étaient présents à la séance de l'Assemblée.

Jokanovic a apporté avec lui au tribunal des coupures de journaux, tant de la presse serbe que de la presse albanaise. Ces coupures de presse confirmaient ce qui était vu dans la bande vidéo et ce qui était enregistré dans les notes sténographiques. Les amendements ont été adoptés par l'assemblée du Kosovo à une très large majorité, avec 175 membres sur 190 votant en faveur des amendements constitutionnels.

En fait, tous les membres de l'assemblée se sont levés et ont applaudi lorsque le président du parlement (qui était Jokanovic lui-même à l'époque) a annoncé que les votes avaient été comptabilisés et les amendements adoptés. Des photos de ces députés en liesse ont été publiées dans les médias, ainsi que sur la bande vidéo.

Jokanovic a réfuté le faux témoignage d'Ibrahim Rugova qui affirmait que l'armée yougoslave avait encerclé le bâtiment de l'Assemblée du Kosovo avec des chars afin de forcer les députés à voter pour les amendements. Aucune coupure de presse en provenance d'Albanie ne parlait de chars, et Jokanovic a déclaré qu'il n'y avait pas de chars. Il s'est simplement rendu au bâtiment de l'assemblée comme d'habitude ce jour-là.

Jokanovic a déclaré que les amendements avaient été adoptés avec le plein soutien des autorités yougoslaves. S'ils n'avaient pas été soutenus par le gouvernement yougoslave, ils auraient été renversés.

Pour le confirmer, Milosevic a lu un extrait d'une déclaration du membre croate de la présidence yougoslave qui, comme d'autres membres de la présidence, a salué les amendements lorsqu'ils ont été adoptés.

Jokanovic a déclaré que les amendements n'ont pas du tout révoqué l'autonomie du Kosovo. Il a déclaré que l'assemblée du Kosovo pouvait toujours adopter des lois et fonctionner de la même manière qu'auparavant.

Selon Jokanovic, l'assemblée du Kosovo n'a rencontré des problèmes que lorsque la Croatie et la Slovénie ont annoncé leur intention de se séparer de la Yougoslavie. C'est alors qu'un groupe de députés renégats du Kosovo a tenté de faire adopter une législation anticonstitutionnelle proclamant également la sécession du Kosovo.

Jokanovic a vécu toute sa vie au Kosovo jusqu'à ce que l'occupation de l'OTAN et le terrorisme albanais l'obligent à fuir vers Belgrade en tant que réfugié en 1999. Il a tout perdu. Des terroristes albanais ont incendié sa maison et dynamité l'église orthodoxe serbe de son village.

Il est remarquable que Jokanovic ne montre aucune hostilité envers les Albanais dans leur ensemble. Il affirme que ses amis et voisins albanais ont tenté de le protéger des terroristes, mais qu'ils ont été tout simplement impuissants à les arrêter.

En tant que personne qui a vécu au Kosovo toute sa vie et qui a occupé de nombreux postes au sein du gouvernement provincial, Jokanovic était compétent pour témoigner sur les événements de l'histoire récente.

Il a déclaré avoir vu pour la première fois le sécessionnisme albanais manifesté en 1968, lorsque les nationalistes albanais se sont révoltés à l'occasion de la Journée du drapeau albanais. Les revendications des nationalistes émeutiers étaient la sécession de la Serbie et l'unification avec l'Albanie.

Il a corroboré le témoignage d'un témoin précédent et a déclaré que le président Tito avait dû envoyer l'armée pour réprimer les émeutes.

Il a déclaré qu'il y avait une forte composante raciste dans les émeutes et que les nationalistes albanais ont exercé des pressions et des violences contre la population non albanaise du Kosovo. Il a déclaré que cette pression s'est progressivement intensifiée au fil du temps et a poussé des dizaines de milliers de non-Albanais à fuir le Kosovo.

En 1981, les émeutiers albanais descendirent à nouveau dans la rue. Ces manifestations étaient plus violentes. Les émeutiers ont ouvert le feu sur la police, deux policiers et neuf émeutiers ont été tués. L'armée a dû être mobilisée à nouveau pour réprimer les émeutes.

Jokanovic a déclaré que ces émeutes avaient une connotation raciste encore plus forte qu'auparavant. Il a déclaré que les nationalistes albanais ont incendié des maisons non albanaises, incendié les champs d'agriculteurs non albanais et incendié les églises orthodoxes serbes.

En 1981, Jokanovic occupait un poste au sein du gouvernement du Kosovo et disposait donc de certaines informations. Il a déclaré que l'objectif des nationalistes albanais était un Kosovo ethniquement pur et albanais qui serait intégré à l'État d'Albanie.

Il est remarquable que M. Nice ait corroboré le témoignage de Jokanovic sur ce point. Nice a lu un passage d'un article du New York Times de 1982 dans lequel un responsable albanais du gouvernement du Kosovo disait exactement la même chose à propos des objectifs des nationalistes, à savoir qu'ils voulaient une grande Albanie ethniquement pure.

Jokanovic a déclaré que la nécessité d'un changement constitutionnel en Serbie était reconnue dans toute la RFS de Yougoslavie. À la suite des émeutes de 1981 et à la lumière du fait que la pression et la violence contre la population non albanaise du Kosovo ont augmenté tout au long des années 1980, tout le monde a compris que la Serbie devait trouver un moyen de protéger ses citoyens. Ces pressions et ces violences ont poussé des dizaines de milliers de non-Albanais à fuir le Kosovo rien qu'au cours des années 1980.

Jokanovic a travaillé au sein de la commission qui a rédigé le texte des amendements constitutionnels. Cette commission a commencé ses travaux en 1986 et était dirigée par le président serbe Ivan Stambolic.

En d’autres termes, le processus de révision de la Constitution serbe a commencé trois ans avant l’arrivée au pouvoir de Milosevic. Tout a commencé parce qu'il y avait un consensus dans toute la RFS de Yougoslavie sur le fait que les non-Albanais vivant au Kosovo souffraient et avaient besoin de la protection du gouvernement serbe. C'était une obligation de la Serbie en vertu de la Constitution. Les amendements ont été adoptés afin de donner à la Serbie un moyen de remplir ses obligations envers ses citoyens.

Le témoignage de Jokanovic se poursuivra jeudi, lorsque M. Nice conclura son contre-interrogatoire.

Source : http://www.slobodan-milosevic.org/news/smorg120104.htm

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