Comment un philosophe témoigna de l’incrédulité lors de la récitation (du texte qoranique) "Si l’eau dont vous disposez était absorbée par la terre" 46bis

Un maître de récitation du Qor’ân était en train de lire dans le Livre "si l’eau dont vous disposez était absorbée par la terre", c’est- à-dire, « si J’empêche l’eau de parvenir jusqu’à la source, 

"Si Je cache l’eau dans les profondeurs et rends les sources taries et un lieu de sécheresse,

« Qui amènera à nouveau l’eau à la source, excepté Moi qui n’ai point de pareil, le Miséricordieux, le Glorieux ? »

Un misérable philosophe et logicien passait près de l’école à ce moment.

Quand il entendit ce verset, il dit avec désapprobation : « Nous amenons l’eau avec une pioche ;

« Avec des coups de bêche et un pic acéré, nous faisons venir l’eau d’en bas. »

La nuit, il s’endormit et vit un homme valeureux qui lui donna un coup sur le visage et aveugla ses deux yeux,

1640 Et lui dit : « Ô misérable, si tu dis la vérité, apporte au moyen d’un pic la lumière de ces deux sources de vision. »

Le jour venu, il se leva, et trouva que ses deux yeux étaient aveugles ; la lumière débordante avait disparu de ses deux yeux.

S’il s’était lamenté et avait imploré son pardon, la lumière disparue serait reparue, par la générosité de Dieu ;

Mais le pouvoir de demander pardon n’est pas non plus entre nos mains ; la saveur du repentir n’est pas la friandise de n’importe quel ivrogne.

La laideur de ses actions et le caractère néfaste de sa négation (de la vérité) avaient fermé l’accès de son cœur au repentir.

Son cœur devint aussi dur que la paroi d’un rocher ; comment le repentir pourrait-il le fendre pour y semer ?

Qui est semblable à Shu’ayb*, que par la prière il puisse rendre le sol de la montagne prêt à recevoir les semailles ?

Par la supplication et la foi de cet Ami  (Abraham), ce qui était dur et impossible devint possible.

Ou, lorsque les Muqawqis supplièrent le Prophète, un sol pierreux devint un riche champ de blé.

Au contraire, l’incroyance d’un homme transforme l’or en cuivre et la paix en guerre.

1650 Cette fausseté entraîne une mauvaise transformation : elle change une terre labourable en pierres et en cailloux.

Il n’est pas non plus accordé à chaque cœur de se prosterner en prière : les gages de la miséricorde divine ne sont pas alloués à chaque serviteur.

Prends garde ! Ne commets pas des crimes et des péchés en te disant : " Je me repentirai et chercherai refuge en Dieu. »

Pour une vraie repentance, il faut la chaleur (du cœur) et l’eau des larmes ; ces éclairs et ces nuages sont la condition indispensable du repentir.

Il faut le feu et l’eau pour que mûrisse le fruit ; les nuages et l’éclair sont nécessaires pour que cela se réalise.

Avant l’éclair du cœur et les nuages de pluie des deux yeux, comment le feu de la menace et du courroux divins serait-il apaisé ?

Comment poussera la verdure du désir de l’union ? Comment les sources d’eau limpide jailliront-elles ?

Comment les parterres de roses diront-ils leur secret au jardin ?

Comment la violette fera-t-elle un pacte avec le jasmin ?

Comment le platane ouvrira-t-il ses mains pour la prière ? Comment un arbre se secouera-t-il la tête en l’air ?

Comment les floraisons secoueront-elles leurs manches pleines de largesses au temps du printemps ?

1660 Comment les joues des tulipes seront-elles enflammées comme le sang ?

Comment la rose tirera-t-elle de l’or de son escarcelle ?

Comment le rossignol viendra-t-il respirer la rose ? Comment la tourterelle dira-t-elle « Kou, kou » comme celui qui cherche ?

Comment la cigogne poussera-t-elle de toute son âme le cri « lak, lak » ? Que signifie lak ? « A toi est le royaume, ô Toi dont nous implorons secours. »

Comment la terre fera-t-elle apparaître les secrets de son esprit le plus intime ? Comment le jardin deviendra-t-il aussi éclatant que le ciel ?

D’où ont-ils cherché ces ornements ? Ils les ont tous tirés de Celui qui est Généreux et Miséricordieux.

Ces grâces sont le signe d’un Témoin ; elles sont les empreintes des pas d’un homme consacré au service de Dieu.

Nul autre que celui qui a vu le Roi n’est réjoui par le signe ; quand on ne l’a pas vu, on ne le reconnaît pas.

L’esprit de celui qui au temps de l’Alast* a vu son Seigneur et est devenu hors de lui-même et enivré,

Celui-là connaît le parfum du vin parce qu’il en a bu jadis ; quand il n’en a pas bu, il ne peut reconnaître son odeur.

Car la Sagesse est comme un chameau égaré : elle conduit ceux qui la trouvent et la reconnaissent en présence des rois.

1670 Tu contemples en rêve une personne au visage agréable, qui te donne une promesse et un signe que ton désir se réalisera ; voici le signe : telle ou telle personne te rencontrera demain.

Un signe est qu’il sera à cheval ; un signe est qu’il te serrera contre son sein ;

Un signe est qu’il te sourira ; un signe est qu’il croisera les mains en ta présence ;

Un signe est que, lorsque viendra le matin, tu ne raconteras ce rêve à quiconque, bien que tu en aies le désir.

A propos de ce signe, Dieu dit au père de Yahyâ (Jean-Baptiste) : « Tu ne commenceras pas à parler avant trois jours.

« Pendant trois nuits, garde le silence quant à ce qui t’arrive de bien ou de mal : ce sera là le signe que Yahyâ viendra à toi (naîtra).

« Durant trois journées, ne souffle mot, car ce silence sera le signe que ton but est réalisé.

« Prends garde ! Ne parle pas de ce signe et conserve cette affaire cachée dans ton cœur. »

La personne (vue par le rêveur) lui dira doucement ces signes. Que sont ces signes ? Il en dévoilera cent autres.

1680 Voici quel est le signe que tu obtiendras de Dieu le royaume et le pouvoir que tu recherches :

Que tu pleures continuellement pendant les longues nuits, et que tu sois toujours ardent dans tes supplications à l’aube ;

Que, dans l’absence de ce que tu cherches, ton jour soit devenu sombre et ton cou mince comme un roseau ;

Que tu aies donné en aumônes tout ce que tu possèdes, de sorte que tes biens soient (dépensés) comme les aumônes de ceux qui dilapident tout ce qu’ils ont ;

Que tu aies renoncé à ce qui t’appartient, à ton sommeil, aux couleurs de ton visage, que tu aies sacrifié ta vie et sois devenu mince comme un cheveu ;

Que tu te sois assis — combien de fois ! — dans le feu, comme le bois d’aloès ; que tu sois allé — combien de fois ! — à la rencontre de l’épée, comme l’armure.

Cent mille actions d’impuissance de cette sorte sont habituelles aux amoureux de Dieu ; elles sont innombrables.

Après que tu as eu ce songe pendant la nuit, le jour se lève ; grâce à l’espoir que tu as reçu, ton jour devient triomphant.

Tu tournes tes yeux à droite et à gauche, te demandant où sont ce signe et ces indices.

Tu trembles comme une feuille, disant : « Hélas, si le jour se passe et que le signe n’arrive point ! »

1690 Tu cours dans la rue, le marché, les maisons, comme quelqu’un qui a perdu un veau.

On demande : « Sont-ce de bonnes nouvelles, messire ? Pourquoi courez-vous çà et là ? Qu’avez-vous perdu ici de ce qui vous appartient ? »

« Ce sont de bonnes nouvelles, dis-tu, mais personne ne peut les connaître, sauf moi-même.

« Si je le raconte, j’aurai perdu mon signe, et quand le signe est perdu, l’heure de la mort est arrivée. »

Tu regardes d’un air inquisiteur le visage de chaque cavalier. Il te dit : « Ne me regarde pas comme un fou. »

Tu lui dis : « J’ai perdu un ami ; je me suis mis en route pour le chercher.

« Puisse ta fortune être durable, ô cavalier. Aie pitié des amoureux et excuse-les. »

Quand tu as effectué des recherches sérieusement — les efforts fervents ne subissent pas d’échec ; telle est la tradition qui nous est venue (du Prophète) — 

Soudain arrive un cavalier béni ; alors, il te serre étroitement sur sa poitrine.

Tu deviens hors de toi-même et tombes sur le sol ; l’ignorant dit : « C’est de la fraude et de l’hypocrisie. »

1700 Comment voit-il quelle est cette ferveur en cet autre ? Il ne sait pas pour qui cela est le signe de l’union.

Ce signe n’existe véritablement que pour celui qui a vu ; comment pour un autre ce signe se manifesterait-il ?

A chaque instant qu’un signe parvient de Lui à l’âme de cette personne, une nouvelle âme lui parvient.

L’eau est arrivée au poisson misérable ; ces signes sont ceux de la parole : "Voici les Versets du Livre" 47.

C’est pourquoi les signes qui se trouvent chez les prophètes ne sont connus que par celui qui est un familier (de Dieu).

Ce discours demeure imparfait et troublé ; je n’ai pas le cœur (à parler) ; je suis hors de moi ; excuse-moi.

Comment quelqu’un peut-il dénombrer les atomes, surtout celui dont l’esprit a été transporté par l’amour ?

Puis-je compter les feuilles du jardin ? Puis-je dénombrer les cris de la perdrix et du corbeau ?

On ne peut les compter, mais je les énumère pour guider celui qui est mis à l’épreuve.

La sinistre influence de Saturne et l’influence favorable de Jupiter ne peuvent entrer en compte, bien que tu puisses les énumérer ;

1710 Pourtant, certains des effets de ces deux-là doivent être expliqués — c’est-à-dire bienfaits et méfaits —

Afin qu’une petite partie des effets du Décret divin soient connus de ceux qui ont un sort favorable et de ceux qui ont une mauvaise étoile.

Celui dont l’ascendant est Jupiter jouira de vivacité et d’excellence ;

Et il sera nécessaire à celui qui a Saturne en ascendant de prendre des précautions dans ses affaires.

Si je parlais à celui dont la planète est Saturne du feu de cet autre, mes paroles tourmenteraient ce pauvre homme.

Notre Roi a donné une permission, disant : « Commémorez Allah. » Il nous a vus dans le feu et nous a octroyé la lumière.

Il a dit : « Bien queje transcende votre commémoration de Moi, et bien que les pensées descriptives ne Me conviennent pas,

« Cependant, celui qui est enivré d’imagination ne saisira jamais Mon Essence sans l’aide de la comparaison. »

La commémoration corporelle est une image imparfaite ; les attributs royaux sont loin de ces choses.

Si quelqu’un dit d’un roi : « Il n’est pas un tisserand », qu’est- ce que cet éloge ? Sûrement celui-ci n’est qu’un ignorant.


* Prophète de l’Ancien Testament (parfois identifié à Jethro) dont les prières auraient transformé des rochers en terre fertile.

* Allusion au verset qoranique (VII, 172) rappelant le Pacte primordial conclu entre Dieu et l'humanité.


Source : Muhammad Djalal od Din Rumi - Mathnawi - Livre II

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