PARTIE 1 - CELUI À QUI LE CORAN FUT RÉVÉLÉ - Dr. Muhammad Fazlur Rahman Ansari (ra)

 PARTIE 1 

CELUI À QUI LE CORAN FUT RÉVÉLÉ


Chapitre 1 

La Campagne de Diffamation Judéo-chrétienne 

Projeter une analyse du Saint Coran requiert préalablement de présenter la personnalité de celui qui fut le réceptacle de Sa révélation. Procéder ainsi, fort de la moindre once de justice, nécessiterait la rédaction de volumes entiers, tant la personnalité ainsi que la mission sont d’une richesse extrême. Les limites du présent ouvrage ne permettent cependant qu’une brève introduction. De ce fait, à nouveau, il semble sage de ne soumettre que certains faits en face desquels certains savants occidentaux, qui contrairement à d’autres qui se noyèrent totalement dans d’aveugles préjugés, se sentaient hésitants à cacher ou pervertir certaines vérités très évidentes et qui s’efforcèrent, malgré un environnement de préjugés en héritage, d’adopter un esprit juste, dans la mesure du possible. Considérons leur parole, car aucun jugement ne peut être considéré comme plus crucial que leur jugement, et parce que « le meilleur témoignage est celui qui vient du camp adverse ». Et le monde de l’érudition occidental en général, la Chrétienté et la Communauté Juive internationale ont fait preuve, et continuent à faire preuve d’une cruauté à ce point sans borne selon leur agenda de déformation et de diffamation de l’Islam et du Saint Prophète (pbsl), qu’en une très brève appréciation il est aisé de voir que seul ce cap (i.e., celui de l’honnêteté objective) semble être bénéfique à tous ceux qui deviennent des victimes de la propagande occidentale, victimes existant en grand nombre dans toutes les communautés.  

La campagne de diffamation revêt en effet une dimension effarante. De fait, il ne s’agit pas seulement des prêtres chrétiens de l’Age Médiéval ou des islamologues contemporains (1), mais aussi des « érudits » totalement déconnectés de la réalité des polémiques à l’encontre de l’Islam, qui ont perpétré cette nauséabonde et pour le moins dégradante entreprise. Pour ne citer que quelques exemples, voici les quatre suivants: 

1. Le Dr J. H. Muirhead de l’Université de Birmingham a écrit un essai nommé « The Elements of Ethics », dans lequel, juste dans le but d’insulter l’Islam, il a irrévérencieusement inséré une fausse allégation: « Durant la vie des saints qui étaient parmi les Turcs, ainsi que nous le rappelle Locke dans son célèbre chapitre « No Innate Practical Principles », la vertu première qu’est la chasteté semblait ne pas avoir sa place (p.231). En réalité, cette allégation s’applique plutôt au monachisme chrétien du Moyen Age. Mais au lieu de s’y référer, Locke et Muirhead ont répandu un mensonge sur l’Islam ! 

2. Dans son livre « The Theory of Good and Evil », ouvrage académique traitant d’Ethique et de Philosophie, et qui ne prend en compte que les théories morales occidentales, Dr Hastings Rashdall du New College d’Oxford a sans aucune pertinence lancé une insinuation sur l’Islam, avec cependant une touche d’innocence: « Lorsque le Calife Omar (si tant est qu’il ne s’agisse pas d’un mythe) ordonna que l’on brule la bibliothèque d’Alexandrie (2), il est probable qu’il n’ait eu qu’une connaissance très imparfaite (3) de ce qu’était la bibliothèque d’Alexandrie, ou toute autre bibliothèque d’ailleurs. » (Vol. 1, p. 137)

3. Max Weber, qui jouit d’une place de choix parmi les sociologues modernes, a montré sa vulgaire ignorance de l’Islam, si ce n’est une perversion diabolique, dans son livre: « The Sociology of Religion » (E. T., Ephraim Fischoff), alors qu’il était de son devoir d’adopter une objectivité scientifique et d’acquérir une connaissance complète de l’Islam avant d’en parler. Sa prise de position sur l’Islam, de la p. 262 à la p. 266, est, c’est le moins que l’on puisse dire, abusive. Citons quelques phrases – quelques morceaux choisis: « …une religion nationale arabe guerrière… une religion qui encourage fortement un système de classe… Même les tenants les plus élaborés de son éthique économique étaient purement féodaux… L’opposition de Muhammad à la chasteté découle de motivations personnelles… le concept éthique de Salut était par ailleurs étranger à l’Islam… Un personnage essentiellement politique décidait de toutes les nominations des chefs de l’Islam…la conception islamique originale a une orientation féodale similaire. La description du Prophète de l’Islam selon laquelle il est sans péché est une construction théologique tardive, peu en phase avec la vraie nature des fortes passions charnelles de Muhammad et de ses explosions de colère face à des provocations minimes… tout sens du tragique lié au péché lui faisait défaut… acceptation sans remise en question de l’esclavage, du servage et de la polygamie; la mésestime et la soumission des femmes… ». (4)

4. Arnold J. Toynbee, dont les travaux académiques dans le domaine de l’histoire sont légion, et dont de façon naturelle on attendait l’objectivité dans son approche de toutes les religions, fait plutôt montre du zèle du croisé par rapport à l’Islam que d’un esprit intelligent et honnête. En effet, la distorsion des faits et la perversion de la vérité dont il a fait preuve rappellent pleinement les sombres esprits de ces prêtres chrétiens du temps de l’obscurantisme. Citons donc quelques échantillons de choix parmi les inepties toynbiennes tirées de « A Study of History », Vol. 12: « Hatra fut sous la protection de la trinité de déesses qui furent, pendant l’époque de Muhammad, les protectrices de La Mecque. Leur potentiel était si grand que Muhammad succomba presque à la tentation de consolider sa mission en les proclamant filles du Seul Dieu Unique de la religion pure d’Abraham » (p. 466). « Dans l’Arabie contemporaine de Muhammad il y avait le sentiment largement répandu qu’il était grand temps pour les Arabes de devenir ‘des Gens du Livre’ (5), ainsi que l’étaient les Juifs et les Chrétiens ». (p. 467). « Ainsi, quand vint le temps pour Muhammad du pèlerinage (Hijrah) à Médine, les Arabes possédaient tous les pré-requis pour devenir des conquérants du monde sauf un, l’unité politique. » (p. 469). « Si le prophète hijazi Muhammad avait échoué, le prophète najdi Masmalah aurait probablement pu faire l’équivalent du travail de Muhammad, et, si lui aussi, Masmalah, avait échoué, un autre prophète aurait émergé, dans telle ou telle partie de l’Arabie, pour marcher dans les traces de Masmalah et Muhammad » (p. 468). (6)

Cependant, nous allons à présent nous intéresser aux études et aux jugements de certains de ces érudits occidentaux qui furent capables d’équité au regard des différents aspects de la personnalité du Saint Prophète Muhammad (pbsl) et de sa mission, afin de proposer une brève introduction à ce sujet.


1. « Au cours des premiers siècles de Mohammedanisme », observe Bosworth Smith, « La Chrétienté ne pouvait se permettre de critiquer ou de s’exprimer, elle ne pouvait que trembler et obéir. Mais lorsque les Sarrasins connurent leur premier revers au cœur de la France, les nations qui auparavant s’enfuyaient devant eux firent volte face à la manière d’un troupeau de vaches lorsque le chien qui les guide est rappelé, et bien qu’ils ne s’aventurèrent pas encore alors à combattre, ils pouvaient au moins calomnier leurs adversaires en repli. Ils purent alors fabriquer de toutes pièces calomnies et rumeurs de victoire à souhait. » (Mohammad and Mohammadism. p.63. 3rd ed., London, 1889). Après cette remarque, Bosworth Smith rend compte de ces calomnies (pp. 63-72). Se contenter de dire qu’elles sont vulgaires, sauvages et obscènes ne rendrait même pas justice à leur nature atroce. L’islamologue hollandais Snouck Hurgronje soutient le verdict de Bosworth~ Smith lorsqu’il dit: « Les images que nos ancêtres du Moyen Age donnaient de la religion de Mohammed se révèlent être de viles caricatures. » (Mohammedanism, p.4). Mais ni Hurgronje ni les autres islamologues ne purent jamais se nettoyer du poison hérité par leurs ancêtres médiévaux, ce qui fait que l’Occident, même après l’échec de la Chrétienté, demeure un ennemi invétéré de l’Islam et des Musulmans et continue à répandre son poison à leur encontre à travers tout type de média.

2. C’était le devoir de Dr. Rashdall en tant qu’érudit, s’il ne suivait pas le principe de Paul de « mentir pour la gloire de Dieu », d’être absolument certain de la véracité de ses affirmations avant d’insulter un peuple qui apporta la lumière de la connaissance en Europe. La vérité est que ladite bibliothèque fut brûlée par les coreligionnaires du Dr. Rashdall, qui agirent ainsi pour promouvoir la Chrétienté. « …Les Musulmans étaient des amis du savoir… Ce ne furent pas des Musulmans mais des moines chrétiens qui brûlèrent la bibliothèque grecque d’Alexandrie. » (G.D.H. Cole et M. I. Cole: The Intelligent Man’s Review of Europe Today, London 1933, p.31). 

3. Remarquez comment une seconde injure est ajoutée à la première!  

4. Une lecture du présent ouvrage montrera au lecteur, même occasionnel, à quel point les accusations de Max Weber sont sans fondement. 

5. Notez comment un historien de renommée internationale projette un mythe !

6. Les inventions injurieuses de Toynbee sont tellement dénuées de fondement qu’elles méritent à peine d’être réfutées. Elles sont en fait basées sur l’ancienne, très irrationnelle et infondée accusation chrétienne d’imposture associée au Saint Prophète (pbsl). Certains érudits du monde occidental en eurent cependant honte et l’ont contredite et réfutée avec éloquence. Nous citerons plus tard dans cette optique Montgomery Watt qui, contrairement au Prof. A. J. Toynbee, est un spécialiste de la civilisation arabe et de l’histoire islamique, même si lui non plus n’est pas un ami des Musulmans.


Source : Les Fondements Coraniques et la Structure de la Société Musulmane Vol I - Dr. Muhammad Fazlur Rahman Ansari (ra)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Réponse à mon "ami" athée sioniste.

L'ISLAM ET L'HINDOUISME À ĀKHIR AL-ZAMĀN (c'est-à-dire la Fin des Temps) Imran N. Hosein

Introduction (Partie 5) - LA QUETE ET LA QUALITE NON ASCETIQUE DE LA SPIRITUALITE - Dr. Muhammad Fazlur Rahman Ansari (ra)